Infinite Undiscovery

Il y a quelques années, si on m’avait dit qu’une machine de Microsoft abriterait des RPG japonais, j’aurais sans doute pointé du doigt le malheureux ayant osé dire cela avant de bien me foutre de sa gueule. Aujourd’hui, je suis bien forcé d’admettre que ça arrive pour de vrai.

Et je pourrai ressortir le même genre d’intro le jour de la sortie de Duke Nukem Forever, si Meido-Rando survit jusque là.

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Infinite Undiscovery bien qu’ayant un nom ne voulant rien dire (vive l’engrish) est le premier RPG next-gen de Square Enix. Oui oui, on dirait pas comme ça mais ça prend du temps de développer de nos jours et de l’eau a coulé sous les ponts entre l’annonce de ce RPG et sa sortie, qui plus est quasi simultanée sur le globe. Une première également.

Cependant, comme vous allez le voir, tout n’est pas rose au pays de Square Enix, et pour un premier essai sur les consoles actuelles, on sent qu’ils ne se sont pas foulés. Explications.

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On va commencer par le premier point qui pique un peu, mais pas trop: l’histoire. On joue le rôle de Capell, un musicien jeté en prison on ne sait pas comment ni pourquoi (et au bout de 10h de jeu on ne sait toujours pas) mais toujours est-il qu’il va se faire sauver par la charmante Aya (soyons clair, pratiquement ma seule raison de continuer à jouer. Oui je suis faible.) qui pensait délivrer Sigmund le Libérateur, une sorte de héros pour la populace locale, puisqu’il est le seul à pouvoir briser les Chaines accrochées à la terre et qui retiennent la Lune accrochée à celle-ci. Les méchants, l’Ordre tentent en effet de canaliser l’énergie magique de la lune afin de s’en servir pour leur sombres desseins. Fort heureusement nos héros (une petite troupe d’environ 20 personnes) vont tout faire pour les en empêcher.

Le problème donc, c’est qu’on a aucune idée de qui sont les méchants. Ceux qu’on voit sont exterminés rapidement et on a dû voir l’une des grosses méchantes 30 secondes en l’espace de 10 heures de jeu. Bref, c’est pas fameux tout ça et ça n’aide pas trop à l’immersion.

L’autre regret, c’est que les persos sont beaucoup trop nombreux (17 !) et il est impossible de les développer suffisament scénaristiquement en si peu d’heures de jeu. Au bout de 10 heures je pense être vers la fin du premier DVD (mais je peux me tromper) sur les deux que compte le jeu. Il est également impossible de savoir d’où Capell vient: pour le moment ce n’est qu’un anti-héros qui passe son temps à se plaindre, opportuniste et peu aimable. Il aura au moins l’originalité de ne pas tenir à sauver le monde.

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Au moins, l’héroine, Aya, est elle beaucoup plus sympathique. Avec des vrais bouts de tsundere croustillants dedans, elle manie l’arc et en plus a un très joli zettai ryouiki. La classe totale donc.

Capell fera rapidement la connaissance de Sigmund et sera tout aussi rapidement embrigadé dans leur Liberation Force. Ca sera l’occasion pour lui de voyager (mais pas trop loin quand même), de rencontrer des gens et éventuellement de se rendre utile. Se rendre utile, les développeurs auraient pu le faire s’ils ne s’étaient pas un peu endormis sur de nombreux aspects du jeu. Déjà, vous trouverez un peu trop souvent des murs invisibles vous empêchant d’aller à certains endroits. Parfois même ces murs sont présents pour une raison complètement absurde alors qu’on pourrait aller plus loin. Les grandes villes sont cantonnées à une simple rue avec des tas de passages interdits et seulement quelques maisons visitables. Pire encore, certaines scenettes (toutes avec le moteur du jeu ou presque) ne sont même pas doublées. Ca passerait à peu près si le texte ne s’écoulait pas automatiquement et qu’il fallait le lire à vitesse éclair car il s’écoule au rythme de la parole que l’on entend pas. Manque de place, flemme ou tout simplement les deux, nous ne le saurons jamais.

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IU est également très cheap sur d’autres aspects. Très peu de sous-quêtes, un système de création d’items simpliste bien qu’assez varié, des cinématiques parfois lentes et peu intéressantes, des bugs rigolos (comme le stick analogique qui ne répond pas sur l’écran du game over, obligeant a passer au pad pour selectionner un menu.), ou encore, pire, vraiment pire. Des ralentissements. Sur 360. Des ralentissements digne d’une PSP. Heureusement uniquement pendant les combats un peu chargés.

Car le système de combat, lui, est plutôt chargé. Nous avons affaire à un jeu Tri-Ace, et par conséquent, vous aurez au menu des HP avoisinant les centaines de milliers de points, des coups et des combos dévastateurs et bourrins, et surtout un système assez fouilli au final. IU est un Action RPG, et donc, il n’y a aucune notion de tour par tour. Le jeu continue même dans les menus, c’est dire. Quand on a besoin d’utiliser un item pendant les combats c’est un peu la grosse galère. Fort heureusement vos coéquipiers font preuve d’une IA assez remarquable pour une fois, et sauront vous soigner a peu près quand il faut (au pire, une pression sur Y active une demande de soin qui arrive en quelques secondes). Non, le vrai problème c’est que vous avez deux boutons pour vous battre, A et B, et des enchainements divers de ceux-ci provoqueront différents coups (respectivement faibles et forts). Une pression prolongée déclenchera également une compétence que vous aurez selectionnée au préalable. Du coup, quand on arrive vers des ennemis, on bourrine les boutons, car la camera auto-cible un ennemi et vous permet de tourner autour très facilement. Le problème, c’est que cette caméra de ciblage ne cible pas tout le temps l’ennemi qu’on voudrait et comme il n’est indiqué nulle part comment la faire changer de cible (peut-être que je devrais ouvrir le manuel, en fait) j’ai échoué à des missions de protection plusieurs fois car j’étais à côté d’un ennemi à buter et ma caméra ciblait un ennemi à 50 mètres de là. Super.

Il existe également un système de Connexion à un autre personnage, mais cela se résume en fait à utiliser X et Y pour faire lancer des compétences ou des sorts au personnage auquel vous êtes liés. En combat, c’est rarement utile et dans le feu de l’action on a pas le temps de réellement décider qui connecter et quoi utiliser, même si c’est rapide. Hors combat, certains personnages ont par contre des aptitudes différentes. Ainsi Rico peut parler avec les animaux, Rucha peut trouver d’autres items dans les coffres déjà ouverts, ou encore le gros type à la hache ou bien l’ours peuvent défoncer les pierres qui vous bouchent le passage. C’est un peu pénible car cela oblige parfois à faire des allers retour pour selectionner tel ou tel personnage…

Enfin, passés ces petits désagréments vite gommés par des combats rapides et sans temps de chargement (un peu à la FF XII) on arrive à des missions. Ces missions sont en fait ni plus ni moins que du crawl de donjon. A savoir, que comme votre troupe est nombreuse, vous pouvez la séparer en trois équipes de 4 ou 3 personnes. Vous en dirigez une, et les deux autres font leur partie du donjon à vos côtés. Parfois vous vous retrouverez pour vous aider mutuellement ou échanger des objets trouvés. A la fin de chaque donjon une note vous est même attribuée et vous pouvez voir en temps réel pendant la mission vos potes monter de level tout seuls comme des grands. Par contre il faut penser à les équiper quand même, et quand on a rapidement une dizaine de personnages, il est très difficile avec le peu de moyens qu’on a de leur crafter ou même de leur acheter des objets.

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IU a ainsi ce petit air épique qu’a Suikoden en régle générale. Mais il échoue sur de nombreux points, avec un système de combats fouilli, une histoire relativement classique (mais avec son petit lot fort intéressant de rebondissements) et ses bugs ici et là. Si vous possédez par exemple une télé non HD, vous n’arriverez pas à lire les barres de HP de vos alliés, ce qui est un peu dommage pour un RPG vous en conviendrez. Côté réalisation, on a du mal à trouver de l’inspiration et de l’identité dans IU. Lost Odyssey par exemple inspirait beaucoup plus de choses dans ses décors et ses personnages (même si je les trouvais moches, mais ça n’engage que moi.)

Au final, IU laisse un goût bien amer dans la bouche, comme si Square nous avait refilé du Coca Light décaféiné dans une bouteille de Coca normale. Espérons que c’était pour concentrer ses efforts sur Star Ocean 4 qu’ils nous ont filé en guise d’appéritif ce RPG presque pas fini. Loin d’être déplaisant, il est juste "au dessus de la moyenne". Je ne le recommenderais pas au prix fort, mais n’hésitez pas à vous le procurer dans quelques mois sur le marché de l’occasion, là il en vaudra clairement la peine. Si vous n’êtes pas allergiques à l’anglais bien entendu, car le jeu est intégralement dans cette langue.

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