En vacances avec un Steam Deck, ma folle aventure sous Linux

Alors, déjà, on va commencer par le plus évident : je ne suis pas une bille en informatique, j’administre des serveurs, je fais du développement, et Linux j’y ai déjà un peu touché en desktop y’a des années de ça. Vraiment des années. A une époque où Gentoo était une bonne distribution Linux, c’est vous dire.

Ensuite, pour bien comprendre ce que je vais vous expliquer, il faut que je vous dise ce que je fais et où je suis. C’est un peu 3615 ma life, mais voilà : c’est qu’habituellement je vais chez mes parents en Normandie vers la fin de l’année (et aussi en septembre pour mes vacances d’été) et chaque fois je me pose la question de ce que j’emmène. Clairement, dans cette petite ville où je suis, il n’y a rien à faire, tout est hyper loin, et du coup je ramène soit une console, soit un PC, soit les deux. Mais mes parents se font vieux et ne peuvent plus m’emmener et me ramener chez moi en voiture, donc je dois prendre le train, ou un blablacar et donc voyager plus léger.

Avant, je prenais un PC type « shuttle », tour mini ITX, ça faisait bien le taff, mais même ça dans une valise d’une c’est lourd et de deux ça prend de la place. Au fur et à mesure des années j’ai laissé clavier, souris, et écran entre autres sur place, et les deux dernières fois où je suis venu, j’ai emporté un mac mini. Un vieux mac mini, de fin 2012. Bloqué sur macos Catalina (déjà 3 versions de retard) on peut pas dire que ça tienne la route pour faire du jeu. Heureusement j’ai la fibre des deux côtés donc Steam Link et Playstation Remote Play ont fait l’affaire jusque là.

Et si j’embarquais un Steam Deck à la place ?

Pourquoi j’ai acheté ce Steam Deck d’ailleurs ?

  • La première raison c’est que le périphérique me faisait de l’oeil car j’avais revendu ma switch, n’y trouvant plus d’utilité. Au moins là j’avais mes saves et mes jeux en commun avec mon PC.
  • La seconde c’est que l’informaticien en moi trouvait ça totalement remarquable un PC aussi puissant dans un si petit (tout est relatif) form factor.
  • La troisième c’est que je voulais installer Karaoke Mugen dessus et pour pouvoir developper et corriger les problèmes il vaut bien mieux avoir le véritable appareil dans les mains.

Tout ça m’a décidé à acheter la bête, et une fois reçue j’ai passé un petit moment à la bidouiller pour y installer moult trucs. Point d’émulation, je sais que c’est possible, mais j’ai pas l’utilité de jouer à des vieux jeux. J’en ai déjà suffisamment dans mon backlog Steam ou même PS5.

Donc le défi de ces fêtes, c’était d’emporter avec moi un Steam Deck que j’allais brancher, via un dock, sur un clavier, une souris, et un écran. Et une manette. Bref, je me suis équipé en livrant des trucs pas cher chez mes parents. Il manquait une souris, j’ai donc acheté une souris à 20€ donc je regrette déjà l’achat tellement elle fait guirlandes de Noël (ça m’apprendra à pas lire les descriptions des fiche produits en entier)

Faites pas attention aux touches du clavier grattées à mort avec le temps. J’ai ce clavier depuis très longtemps.

Et vous allez voir que ça commence fort.

Jour 1 : ça tourne mal

Déjà il faut bien comprendre que j’avais un peu pesté à configurer certains trucs comme je le voulais mais que là j’ai pu tester la réinstallation complète car… j’ai brické mon Deck le premier soir. Comment ? Je l’ai un peu cherché : j’avais lancé la dernière MAJ depuis la voiture en utilisant la 4G du téléphone. Le souci c’est que la mise à jour télécharge des trucs en même temps qu’elle installe, et ça ne s’est pas bien terminé. Du coup le Deck a fini en boucle infinie de redémarrages.

La procédure pour réparer est heureusement simplissime : prendre une clé USB, télécharger un logiciel, télécharger l’image du Steam Deck, une sorte de rescue en gros, et faire booter le Deck dessus. Le bouton « Volume – » + « Power » démarre sur un bootloader qui détecte tous les périphériques de stockage branchés. J’avais pas de clé USB mais j’ai dégoté un disque dur externe de 500 Go que mes parents n’utilisaient plus (c’était la Time Machine de leur vieux iMac de 2007) et… ben j’avais prévu le coup parce que j’avais embarqué mon mac mini quand même et j’ai donc pu écrire l’image de sauvetage, booter dessus et tenter de réinstaller SteamOS.

Information importante :

Le Steam Deck est un appareil tournant sous Linux, dont le système et la partition « utilisateur » sont parfaitement dissociés. En gros, vous en tant qu’utilisateur ne devriez écrire que sur votre partition utilisateur. Cela a pour effet d’empêcher sans bidouilles d’installer des logiciels via le gestionnaire de paquets d’ArchLinux (le Linux utilisé par le Steam Deck) car ces paquets seraient installés sur la partition système. Or celle-ci est écrasée à chaque mise à jour de SteamOS, du coup il faut faire avec ce qu’on a à notre disposition. heureusement Linux a Flatpak, un système de bac à sable pour applications qui permet d’installer tout un tas d’applications propres à l’utilisateur.

Du coup j’ai commencé par réinstaller SteamOS. C’est facile, y’a juste à cliquer, mais hélas, ça n’a pas complètement résolu le souci car je me suis retrouvé avec une ancienne version de SteamOS et une incompatibilité avec mes paramètres ce qui a causé une impossibilité de démarrer le serveur graphique (je me retrouvais au boot avec un joli login texte.)

Donc, lol.

J’ai dû aussi wipe mon dossier utilisateur. Bon c’était pas si grave, mais ça faisait un peu chier quand même.

Une fois le Deck réinitialisé, j’ai pas mis trop de temps à le reconfigurer, ni à réinstaller jeux et applications Flatpak que j’utilise.

Le premier gros problème que j’ai rencontré est finalement le fait que quand on branche un écran au dock du Deck (oui) l’écran est en mode extension plutôt que duplication d’écran, ce que je voulais. Heureusement, on peut faire mieux que ça en choisissant un peu mieux dans l’écran de configuration d’affichage de KDE : on peut faire en sorte que l’écran externe devienne l’écran principal une fois branché. Car le souci de l’écran du Deck c’est qu’il est en 1280×720, (enfin x800 précisément) ce qui rend assez mal sur un écran 1080p. On se retrouve du coup, une fois le deck branché à son dock, avec un affichage qui switch sur du 1080p sans problème, et ça c’est un point qui fait plaisir.

Jour 2 : …Mais bon, y’a plein de trucs qui font quand même pas mal chier.

Je vais énumérer quelques trucs qui vont vraiment pas.

  • Le clavier est en QWERTY. Car oui le Deck n’a qu’un seul langage, l’anglais, et on ne peut pas le changer, les autres langues ne sont pas installées, bien évidemment pour économiser de la place sur l’appareil. Donc il faut aller ajouter le layout AZERTY dans la configuration du clavier.
  • Il y a un véritable problème d’ergonomie sous KDE, sous Linux, bref, sur tout ça. Il y a des menus partout, des options qui semblent complètement farfelues, bref c’est Linux quoi, on se dit en voyant certaines options « Mais QUI fait ça ? » Sans doute qu’avec des métriques d’utilisation, les développeurs sauraient un peu mieux ce qui est réellement utilisé ou non.
  • J’utilise un logiciel de chat spécifique pour faire du RP en AppImage car il n’existe pas sous Flatpak. C’est une bête application Electron au final, mais les notifications sonores ne fonctionnent pas toujours quand il y a un nouveau message, ce qui est un peu frustrant (et aucun indice visuel sur la barre des tâches aussi, ça serait trop facile sinon.)
  • L’expérience utilisateur de configuration de la barre des tâches est d’une atrocité sans nom. A un moment j’ai réussi à la faire disparaître. Pire encore, à carrément planter la couche bureau, ce qui m’a valu un reboot forcé pour retrouver le tout fonctionnel… avant de m’apercevoir que comme je n’avais pas quitté proprement l’environnement de bureau il n’avait rien sauvegardé du tout, remis le papier peint d’origine et d’autres paramètres que j’ai dû remettre, bravo.
  • Même sur Flatpak il y a des applications qui d’un coup d’un seul ne fonctionnent plus au gré des mises à jour du système. J’avais par exemple récupéré ModernDeck pour zieuter Twitter, et l’application ne fonctionne plus, elle ne se lance pas, n’affiche aucun message d’erreur, même abscons : c’est vraiment la pire des façons de dire à l’utilisateur qu’il y a un problème. Cela peut arriver sous Windows ou macOS aussi hein, mais c’est quand même très rare sur ces systèmes d’avoir un souci pareil avec une app.
  • A un moment, je me suis retrouvé avec l’interface qui ne répondait plus du tout; je pouvais bouger mon curseur de souris mais aucune idée du problème. J’ai dû rebooter.
  • J’ai déjà eu des fenêtres qui ne voulaient pas se fermer à coup de ALT+F4. Voire même en cliquant su rla croix. Comme si l’app était freezée. Vraiment gênant. C’était par exemple quand la barre des tâches de KDE Plasma allait planter, si ma mémoire est bonne.

Le pire, c’est que Valve a fait un travail incroyable sur énorémment de points, qui font qu’on peut assez facilement appairer une manette, ou des écouteurs Bluetooth depuis le Game Mode (la version console de Steam en gros) mais il y a plein de choses tétra-reloues à faire depuis le Desktop Mode.

Ceci étant dit, je suis plutôt bien installé au final, même si je regrette que certains jeux se comportent trop bizarrement en Desktop Mode. Par exemple en jouant à Vampire Survivors je me retrouve parfois à passer en plein écran sans faire exprès en jouant au clavier. D’ailleurs il ne gère pas ma manette Dualsense, branchée en USB ou même en Bluetooth. Bizarre. A tous les coups il en reconnait qu’une manette : celle du Steam Deck lui-même.

Bon après j’ai cherché la merde car je voulais tester Forza Horizon 5, un jeu Microsoft donc que j’ai acheté sur Steam. Plusieurs problèmes sont survenus :

  • Ecran noir mais j’avais le son : j’apprends en utilisant mon Google-fu via un post Reddit qu’en fait c’est depuis la dernière MAJ de SteamOS que ça fait ça et qu’il faut passer sur la version expérimentale pour corriger ça. Ce qui, en soit, est bien. Un bug corrigé est un bug corrigé, mais ça ne le faisait pas avant. Si des mises à jour de l’OS peuvent casser certains jeux c’est quand même pas mal gênant et ça va pas dans le bon sens. Ca doit être un enfer à maintenir à vrai dire. C’est dans ces moments que tu bénis la rétrocompatibilité incroyable de Microsoft dans Windows. (et que tu la maudis juste derrière pour tout un tas d’autres raisons)
  • Une fois ça réglé, je me suis aperçu qu’il était impossible en Game Mode de remplir le formulaire de connexion de Microsoft. Car oui, Forza étant un jeu Xbox il faut un compte MS/Xbox pour se connecter au jeu. Eeeeet il faut donc remplir sur une page web un formulaire de login. Normalement le Deck est équipé pour ça en Game Mode : il y a les pavés tactiles qui servent de souris et la gachette pour cliquer, plus un clavier virtuel, mais pour une raison qui m’échappe, le clavier apparait à chaque fois que j’essaye de cliquer sur « OK » pour me logger… Un coup d’oeil à Reddit encore m’apprend que je dois faire la première connexion via le Desktop Mode. Supeeeer.

Bon au moins une fois ces deux soucis réglés j’ai enfin pu relancer le Game Mode et jouer à Forza pépouze. D’ailleurs ça rend très bien et tourne correctement à 40 FPS. C’est pas 60 mais c’est mieux que 30 et ça suffit pour jouer dans des conditions acceptables.

Petite parenthèse sur Overwatch : j’y joue pas mal et j’ai donc voulu l’installer. Comme ce n’est pas un jeu Steam tout devient instantanément plus compliqué, et c’est là qu’on prend conscience de tout le travail incroyable qu’a fait Valve pour simplifier les choses : il faut utiliser un soft qui s’appelle Bottles et qui permet de lancer des logiciels Windows depuis des « bouteilles » préconfigurées avec certains paramètres de compatibilité. En gros c’est un installeur assez facile à utiliser pour jouer à d’autres launchers comme GOG, Epic, BattleNet, EA Play, etc. avec très peu de choses à faire.

Bref j’ai suivi des instructiosn trouvées sur le net et on ne peut pas dire que j’ai été très impressionné : jeu rame sa mère (ce qui est normal car il doit calculer les shaders,) est ultra moche (ça je sais pas d’où vient le problème exactement) et il y avait quelques bugs un peu relous, comme le curseur de souris pas exactement placé correctement à l’écran (en gros fallait décaler le curseur pour cliquer sur certains boutons) et aussi le clavier pas correctement reconnu, dans le sens où l’app n’avait pas tout de suite le focus en se lançant et il fallait alt+tab hors du jeu puis re dans le jeu pour que le clavier fonctionne.

Bref, vivement que les éditeurs tiers se penchent sur le Steam Deck.

Jour 3 : La veille de Noël

En fait c’est la continuation du jour 2 car minuit était déjà passé : je me suis pris le même bug où à un moment l’interface graphique du Desktop Mode a complètement planté et ne répondait plus. Ou ne s’update plus, je ne sais pas. J’entendais encore les sons de mes applications, mais une fois le Deck débranché de son dock, je me suis retrouvé devant un écran noir avec un curseur de souris. Bon bah shut down complet et redémarrage, hein.

J’aimerais bien d’ailleurs que le Deck redémarre dans le dernier mode dans lequel il était (Game ou Desktop). Parce qu’il faut ressortir du Game Mode à chaque reboot quand on est dans ce genre de configuration…

Par contre il faut bien admettre que la mise en veille et sortie de veille du Deck fonctionne au poil. Je m’attendais à des tas de soucis : après tout même Windows galère parfois un peu avec la mise en veille, en tous cas chez moi, mais là pour du Linux je trouve que ça fonctionne au poil. Surtout, le switch entre écran 720p et 1080p ne bousille pas l’interface Desktop complètement, c’est plutôt cool.

Ah tiens, Steam ne se lance plus en mode desktop. L’appli commence à se lancer et pouf rien ne se passe. Supeeeeeeer. Ceci dit l’un des gros avantages du Deck, et finalement d’avoir Linux sur une machine aussi standardisée et répandue, c’est que quelqu’un a forcément eu votre problème avant vous. Pour le moment j’ai toujours réussi à trouver comment régler un souci en cherchant sur Google ou Reddit. Pour le coup, j’ai dû tuer le process Steam et le relancer. Ce qui est bizarre c’est que même un restart n’y changeait rien.

Hélas, il se passe un truc pas chouette le midi : en faisant essayer le deck à quelqu’un je me rends compte que le bumper gauche (le bouton L1/LB quoi) ne fonctionne pas. C’est… vexant. Il ne clique plus, mais s’enfonce quand même, et n’est pas enregistré par Steam ou n’importe quel jeu. Du coup bah euh, message au support de Steam, photos, etc. Pour un 24 décembre ils répondent quand même sacrément vite, j’ai presque de la peine pour eux. Le point positif c’est qu’il va partir en garantie rapidement (j’apprends qu’il faut le mettre dans sa sacoche de transport et envoyer le tout) et là j’attends le mail avec l’étiquette à imprimer pour mettre sur le colis. On m’informe qu’il ira à Frankfurt puis à Prague… Mais bon. A noter que, et c’est trop rare pour ne pas être souligné, Valve fournit avec iFixit toutes les pièces pour réparer un Deck et tous les guides dont on a besoin. C’est super cool. Moi je ne suis pas bricoleur et je préférais que ça soit fait de façon pro et encore sous garantie, donc ça ira en garantie, mais la possibilité de réparer soi-même un Deck est là !

Le soir-même, je le branche à la télé pour faire du Jackbox Party Starter et initier ma famille à Trivia Murder Party. Le succès n’est pas hyper au rendez-vous malheureusement, mais j’ai aussi eu du mal à faire reconnaître l’écran au deck. Les symptômes : le deck voyait bien la télé et la télé voyait bien qu’il y avait un truc branché, mais pas de signal. J’ai essayé 50 trucs, redémarrer le deck, trifouiller les paramètres d’affichage, où, au passage, j’ai réussi à foirer la résolution de l’écran principal du deck et à me retrouver en genre tout petit au milieu de l’écran (j’aurais du prendre une photo tiens, c’était particulièrement inutilisable). C’est un truc que je ne comprends pas quand même, Linux, enfin tout OS qui se respecte ne devrait pas te laisser foutre des résolutions arbitraires et complètement pêtées par rapport à l’écran, ou bien c’est un problème de l’écran qui ne fait pas de scaling, je sais pas. Quoi qu’il en soit c’était encore une grosse faute d’UX car on peut se retrouver avec un appareil totalement inutilisable si on foire bien son coup.

Au final, il suffisait tout simplement de… redémarrer le dock où était branché le deck et la télé. J’ai eu l’idée en voyant la réponse d’un mec sur Reddit, encore une fois.

Je parle de jeu assez simple comme Jackbox là, mais j’ai aussi voulu, une semaine auparavant, tester Use Your Words, un autre jeu façon quiz mais avec des vidéos. Le jeu fonctionnait très bien mais les vidéos étaient illisibles, la faute à un codec manquant, probablement. Sur ProtonDB, la base de données de compatibilité des jeux sous Linux je trouve qu’il faut installer un truc appelé Media Foundation sauf que je pige pas trop ce qu’il faut faire et qu’on me dit que c’est peut-être pas nécessaire… Mais visiblement si ? Bref, trop de niveau de bidouille à faire pour un simple jeu, j’attendrai que ça marche tout seul un jour.

Jour 4 : Bon bah faut backup maintenant.

C’est à dire qu’il faut bien que j’envoie mon deck en réparation quand même, donc je dois backup mon dossier home cette fois. J’ai quelques dossiers à exclure évidemment comme les jeux Steam ou le cache de Firefox ou bien encore les dossiers de dev de Karaoke Mugen, mais là encore je me heurte à la complexité des logiciels Linux. Je teste quelques outils de backup dispos sur Flathub mais aucun ne me laisse spécifier un dossier distant comme mon home sur Shelter. Rien à faire, ça me lâche un message cryptique comme quoi la destionation ne supporte pas « mount ». Quelques recherches me feront comprendre qu’en fait il s’attend à trouver un serveur borg derrière, qui est un autre outil de backup… Peut-être qu’il y a un autre truc que j’ai pas compris, alors même que j’indiquais un truc comme sftp://user@host/folder en destination.

Notez que pour le backup, c’est quand même compliqué d’avoir un truc bien, ce n’est pas simple, et là-dessus pas sûr que j’aurais trouvé mieux sous macOS. Sous Windows en cherchant bien ça se trouve par contre : copier un simple dossier d’un endroit à un autre, même distant, voire en faisant une archive compressée, et ceci en utilisant des exclusions.

Au final, je suis passé par le terminal et un bon vieux tar des familles. Dommage.

Rien d’autre à signaler, j’ai joué à quelques jeux en game mode ne nécessitant pas le bouton LB, et quand bien même j’en aurais eu besoin, j’aurais probablement pu réassigner le bouton LB à un des boutons arrière du deck. Mine de rien, on peut quand même s’en sortir même avec un bouton cassé !

Conclusion

Sachant que j’allais forcément partir dans 2 jours et que j’allais remballer le Deck le lendemain, j’ai décidé de le remettre dans sa sacoche et de rebrancher mon Mac Mini que j’avais emmené à la place. Et j’avoue, en fait, si on ne joue pas, ça reste quand même une dinguerie, surtout pour une bécane de fin 2012. Rapide (avec un SSD quand même à la place du disque dur mécanique d’origine) et surtout sans aucun bug chelou d’interface ou d’UX et ce peu importe l’appli utilisée. J’exagère un peu mais le constat est là, non seulement je suis plus à l’aise sur macOS que sur Linux, mais je sais que je n’aurai aucune mauvaise surprise avec quoi que ce soit (si ce n’est des jeux pas prévus pour mac qui… ne se lancent pas, du coup.)

Je pense que Valve fait du mieux qu’il peut pour combler tous les défauts de Linux qu’il peut, surtout pour du gaming, et c’est déjà vraiment incroyable tout ce qu’ils ont fait grâce au Steam Deck et à SteamOS. Le problème, c’est finalement plus souvent Linux en lui-même qui n’est toujours pas prêt pour du desktop. C’est triste à dire, mais les faits sont là, j’ai trop souvent rencontré des bugs ou des incohérences qui feraient fuir n’importe quel utilisateur un poil avancé. On ne peut pas prendre deux extrèmes comme Mme. Michu et Jean-Kevin « Roxxor64 ». L’une aura une utilisation tellement basique de son ordinateur qu’elle sera en fait pratiquement aussi bien sur une tablette que sous Linux, tandis que l’autre a des besoins importants en performances et en stabilité mais n’y connait absolument rien en informatique. J’en veux pour preuve mon neveu, 15 ans, qui a un PC de jeu sous Windows mais ne sait pas utiliser Windows correctement. Alors OK, il a 15 ans, mais pour moi il représente cet énorme pan d’utilisateurs qui ont besoin que leur outil (de jeu, de divertissement, de travail, etc.) juste, fonctionne. Qu’il ne nécessite pas de la ligne de commande, qu’il ne produise pas ds effets chelous d’affichage, des bugs dignes d’un BSOD (sérieusement, les BSOD sous Windows sont devenus d’une rareté incroyable ces dix dernières années. A moins d’un problème matériel particulier, ils n’arrivent pas à cause de Windows seul.) ou encore des gros problèmes d’ergonomie ou d’expérience utilisateur.

Et ça, c’est pas encore ça. Vraiment pas.

Un bug que j’ai d’ailleurs eu sur ma précédente utilisation du Deck : j’ai voulu configurer le VPN de ma Freebox dessus via le panneau de configuration de KDE. J’inscris toutes les données à la main car c’est un VPN WireGuard et KDE ne veut pas du fichier de configuration automatique crée par la Freebox (sur Mac, aucun problème…) sauf que quand j’ai validé la fenêtre de paramètres, celle-ci a disparu et m’a ensuite sorti une notif « AH ben non en fait lol ça marche pas teehee. :)))))) » que j’ai pas tout de suite remarqué avec ma mauvaise vision. C’était trop difficile une modale ? Pire encore : en voulant modifier la configuration pour rectifier le tir je me rends compte qu’il ne m’a rien gardé du tout et j’ai dû tout re-saisir à la main. Et ceci 5 fois avant de comprendre où était le problème, parce que bien sûr on est sous Linux et les messages d’erreurs sont encore plus cryptiques que ceux qu’on trouve sous Windows.

Donc non, à moins d’être un utilisateur averti OU quelqu’un qui utilise très basiquement son ordinateur (et dans ce cas une tablette vous suffira) c’est quand même compliqué de demander aux gens d’utiliser Linux pour du bureau. La moindre utilisation sortie des sentiers battus va se transformer en recherche sur Internet. Quand on et un utilisateur « entre le deux extrèmes » c’est très chiant.

Quant au Deck en lui-même, l’expérience qu’il propose en tant que console de jeu est nickel. Si on se cantonne au Game Mode, on aura une expérience très satisfaisante, même si certains jeux vont demander de gros efforts (Salut Forza) ou de petits (Salut les jeux qui ont besoin qu’on change leur runtime proton, heureusement très rares.) D’un point de vue « PC de voyage » si on a déjà écran clavier et souris sur place, ça reste aussi assez imbattable, mais clairement, j’ai passé plus de temps à configurer ou corriger des problèmes qu’à parfois juste utiliser l’OS en mode bureau. Enfin, c’est probablement un peu exagéré mais le fait est que c’est un ressenti que je trouve pas top. Mon vieux Mac Mini s’en sort largement mieux si on exclue les jeux de l’équation. Et encore, certains jeux en mode Desktop marchent moins bien qu’en Game Mode…

Voilà mon expérience avec le Steam Deck. SI je devais mettre une note ça serait un 6,5/10. Il faut reconnaître que c’est largement utilisable même si j’ai pointé beaucoup de problèmes que j’ai rencontrés. Cependant, il y a des obstacles que j’ai rencontrés qui sont malheureusement rédhibitoires pour n’importe quelle personne peut douée en informatique.

Avant de partir, je vous livre un petit bonus :

BONUS : Les logiciels à installer sur un Steam Deck

Voici ce que j’avais installé via Flatpak sur le Deck.

  • Plein de gens parlent de Emudeck qui est certes bien foutu mais bon, l’émulation n’est pas forcément ce que je recherche avec le Deck, mais ça fait plaisir de voir qu’il y a des choses bien foutues pour ça, rendant le Deck une incroyable machine portable à émulateurs.
  • Pas forcément toujours utile, Kodi a le mérite de proposer un lecteur vidéo/audio pilotable à la manette, ce qui se marie très bien avec le Game Mode de Steam. Du coup, ajoutez Kodi à vos jeux en tant que jeu non-Steam et ça passe crème une fois en Game Mode.
  • Le client Bitwarden pour avoir accès à mes mots de passe.
  • Le client Nextcloud pour récupérer mes fichiers (ce qui est aussi un moyen extrêmement simple de passer des fichiers d’une autre machine au Steam Deck, pensez-y.)
  • Discord, évidemment. En règle générale toutes les apps Electron fonctionnent très bien sur le Deck.
  • Disk Usage Analyzer qui permet facilement de voir ce qui prend de la place et d’en faire. 512 Go ça se remplit vite.
  • J’ai essayé BetterBird pour les mails, mais bizarrement Thunderbird sous Linux ça passe moins bien que sous Windows et j’ai eu un peu de mal à m’y habituer, sans que je sache exactement pourquoi.
  • J’ai voulu essayer ModernDeck pour avoir un Tweetdeck mais bizarrement l’app ne fonctionnait pas du tout.
  • WhaleBird est un client Mastodon OK-tier. Au moins il est assez compact et fait ce qu’on lui demande, ce qui est déjà pas si mal.
  • FileZilla pour les transferts de fichiers avec mon NAS. Bizarrement il en a rien à foutre du thème sombre du bureau.
  • Firefox, bien évidemment.
  • MPV pour la lecture vidéo desktop (pour le game mode il y a Kodi)
  • ProtonUp-QT est un outil nécessaire quand on joue à des jeux sous Linux, il permet notamment d’installer différents runtime d’émulation Windows pour qu’ils soient disponibles sur Steam, comme par exemple ProtonGE.
  • Visual Studio Code parce que j’ai quand même dû intervenir sur le code de Karaoke Mugen depuis mon Deck, hé oui.

Il est très difficile voire chiant d’installer des logiciels via autre chose que Flatpak de toutes façons. On peut quand même compter sur les AppImage aussi mais le hub AppImage n’est pas aussi simple à utiliser que Flatpak qui bénéficie d’un client desktop (Discover). Il faut bien admettre que Flatpak représente un excellent moyen de séparer les app système des apps utilisateur. Je pense que c’est la bonne pratique pour le futur de Linux de séparer le système et l’utilisateur, mais tout cela est un autre débat 🙂