Legend of Heroes – Trails of Cold Steel

Si vous voulez entendre un condensé de cette chronique en audio, je parle du jeu dans l’épisode pilote du podcast Canapé Game!

Legend of Heroes est une vaste saga dont j’ai déjà abordé quelques épisodes PSP ici et (un peu d’indulgence pour ces vieux articles, ils ont 12 ans presque.) et on peut régulièrement voir de nouveaux épisodes sortir, ou re-sortir sur consoles portables, de salon ou sur PC plus récemment.

Je ne vais pas vous faire toute la saga : c’est au moins aussi long que Final Fantasy en terme de longévité, et incroyablement touffu. Legend of Heroes est une série surtout réputée pour ses univers riches et ses histoires aux multiples intrigues. Après niveau gameplay, on va pas se mentir, c’est juste classique mais efficace.

Mais parlons de l’épisode qui nous intéresse : Trails of Cold Steel.

Le jeu est sorti en occident il y a déjà 2 ans, sur PS Vita, PS3 et plus récemment sur PC. La version PC, parlons-en rapidement, est d’ailleurs un portage d’une excellence rare : rapide, améliore visuellement le jeu original, mode turbo, bourré d’options, gère les pads Xbox (le jeu n’est sorti que sur consoles Playstation), bref il y a eu du travail de fait, pour un jeu qui pourtant est loin d’être une grosse sortie.

De quoi ça parle donc Trails of Cold Steel ? Il faut savoir que c’est une suite, quelques années plus tard, de trails in the Sky, autre jeu de la saga Legend of Heroes sorti chez nous bien des années plus tôt. Pourquoi j’en parle, hé bien même si les évènements de Trails in the Sky sont référencés de temps en temps au cours de la partie, c’est surtout pour comparer les deux jeux que je mentionne ici. Trails in the Sky n’est cependant pas nécessaire du tout pour aborder Trails of Cold Steel : les deux jeux se passent dans le même univers, mais à deux endroits bien différents.

Vous incarnez Rean, jeune héros typique de JRPG qui arrive à Trista, petite ville de l’empire d’Erebonia. On dit souvent que les empires sont méchants dans les JRPG mais dans celui-là ça va. Trista est surtout connue pour l’académie militaire de Thors, à laquelle Rean entre. Il va surtout tomber (littéralement) sur Alisa, une blonde tsundere qui va lui en vouloir à mort pendant le premier cinquième du jeu car il a touché ses seins sans faire exprès. Maintenant je vais compter ceux qui ont fui devant cette introduction… ah quand même. Oui, Cold Steel est plombé par quelques tropes de l’animation japonaise. Fort heureusement il n’y en a pas tant que ça et Alisa, insupportable au possible au début, se calme très vite par la suite.

Rean, Alisa, et sept autres élèves vont se retrouver dans une classe spéciale sans trop comprendre pourquoi, la classe VII. On retrouve en gros :

  • Rean, le héros avec son sabre
  • Alisa, l’archère tsundere
  • Emma, la magicienne pulmonée à lunettes toujours première de la classe
  • Machias, le roturier armé d’un fusil qui déteste les nobles
  • Jusis, le noble escrimeur qui déteste Machias
  • Fie, la jeune fille silencieuse au passé trouble, armée de deux pistolames
  • Laura, la grande fille à ponytail qui manie l’épée selon les préceptes de sa famille.
  • Elliot, le mage shota
  • Gaius, le beau gosse exotique avec une lance.

C’est très grossier (pardon) mais on va avoir l’occasion au cours des sept chapitres du jeu de les connaître un peu plus, car vous vous en doutez, chacun d’entre eux a une histoire bien à lui. Heureusement on ne tombe pas dans les pièges du genre avec des passés troubles pour chacun d’entre eux, mais l’un des intêrets de la classe VII est que chacun de ses élèves vient d’un milieu différent… On suivra donc ses membres (les classes I et II sont des classes de nobles, et III à V des roturiers. La VI… c’est compliqué) au cours de leurs études : les jours passent via un calendrier à la manière de Persona, mais on ne jouera pas tous les jours de l’année. On découvre alors l’école et ses étudiants lors du premier chapitre, on se familiarise avec elle et avec la petite ville de Trista, mais tout ça est incroyablement lent. Les personnages papotent, énoncent des évidences, on sait que chaque cinématique va durer plusieurs minutes… Si on est suffisament patient, on se plonge dans l’ambiance et on suit Trails of Cold Steel comme on suivrait un animé lambda dans une école militaire. Il se passe des trucs habituels d’une école à la japonaise : des festivals, des potins, des histoires d’amour… C’est clairement pas le genre de choses auxquelles on s’attend en commençant un JRPG, un peu comme si Trails of Cold Steel essayait d’émuler Persona en fournissant un effort minimal.

Car la routine s’installe assez vite : chaque chapitre équivaut à un mois de l’année, durant lequel on assiste à des cours (l’occasion d’en apprendre plus sur l’histoire d’Erebonia, sa révolution industrielle, les pays voisins, la lutte des classes…), où on doit répondre à des questions (savoir si on a bien suivi ce qu’il s’est passé durant les cours, hé oui.), mais aussi faire un exam pratique de combat contre des cibles, voir carrément des matches en équipe. S’en suit alors un voyage de classe où les héros sont divisés en deux équipes qui vont devoir chacune aller dans une région d’Erebonia pour y accomplir une suite de tâches distribuée par le chef local. Le voyage de classe de fin de mois est sans conteste le morceau le plus intéressant de chaque chapitre, car non seulement on change de décor, mais en plus le scénario avance, car oui il y a un scénario. Ce qui commence comme une simple histoire de marchandises volées va très vite prendre des proportions énormes mettant en péril la sécurité du pays.

Car dans Legend of heroes, on a pas de monde en péril à sauver : on suit la vie des étudiants de Thors et surtout celle d’Erebonia. On a plus un empire à sauver et on est plus là à voir les personnages vouloir défendre leur patrie que le monde entier, ce quie st plutôt rafraichissant, un peu à la manière d’un Suikoden (petit ange parti trop tôt).

Après le problème, comme je disais, c’est surtout la lenteur des échanges entre les personnages, les cinématiques qui durent des plombes… Mais tout cela est un mal nécessaire quand on voit la masse incroyable de personnages autres que la classe VII : les professeurs, les autres étudiants, mais aussi les dirigeants, les membres de la noblesse, les membres de l’armée impériale, les méchants… Il y a tout autant de figures énigmatiques, de personnages qui a défaut d’être profonds sont très détaillés. Dans chaque ville, chaque habitant a un nom et une vie bien à lui, on remarque très rapidement le travail qui a été fait sur l’univers en lui-même pour qu’il soit le plus cohérent possible. Après on aime ou on aime pas fouiner, mais voilà, il y a des petites histoires, des PNJs qu’on retrouve d’un chapitre à l’autre et auxquels on s’attache… C’est clairement ce qui fait la force de Legend of Heroes, mais c’est clairement quelque chose qui ne pla^it pas à tout le monde.

Et ce problème dure pendant tout, le, jeu. Je ne plaisante pas. L’histoire décolle réellement… à la toute fin, après 80 heures environ. Et encore 80 heures sans se forcer à faire toutes les quêtes données durant les voyages de classe ou les moments à l’école (car vous vous ferez aussi exploiter par le conseil des élèves, dirigé par la petite et charmante loli Towa) Alors oui, il y a une construction de l’intrigue, une mise en place qui se fait tout au long du jeu, mais on en comprend les tenants et aboutissant qu’à la fin lorsqu’ils sont revélés. D’ailleurs sur la fin j’étais en mode « QUOI? QUOI? » toutes les 5 minutes à chaque révélation.

Je parle beaucoup de l’histoire, des personnages, car c’est pour ça qu’on joue à un Legend of Heroes, et pas pour son gameplay ni sa technique. La technique, elle, fait cheap, et on sent tout le mal que les développeurs se donnent pour faire passer certaines scènes sans que les limites du moteur ne se voient trop. Car ouais, Falcom, les développeurs, n’ont pas le budget d’un Square Enix, ça paraît évident. Et pourtant Legend of Heroes le mériterait, même si ça ferait clairement exploser les coûts tellement il y a de contenu.

Côté gameplay, on reste dans du très basique, mais très efficace : on retrouve la signature habituelle des Legend of heroes, c’est à dire des combats au tour par tour dans une arène délimitée. On voit les monstres sur la map donc on peut les éviter ou les combattre, les prendre à revers si on les frappe sur la carte au préalable pour obtenir des bonus… Les personnages ont des jauges de vie, de mana (EP) et de technique (CP). La mana sert à lancer des magies données par les quartz et les CP permettent de déclencher les techniques du personnage. Les CP augmentent quand on frappe ou on se prend des coups, et au delà de 100 (ça va jusqu’à 200) on peut déclencher une super attaque qui vide la barre, sachant que la-dite super attaque peut être déclencher n’importe quand même quand c’est pas le tour de votre personnage. C’est intéressant car à chaque tour il y a une chance de bonus du genre « HP Heal », « CP Boost », « Critical » et j’en passe, et ça vaut aussi pour vos ennemis. Il sera du coup intéressant de déclencher au bon moment un S-Craft (une super attaque) pour décaler le tour d’un ennemi afin qu’il n’ait pas le bonus en question quand ça sera à lui de jouer.

Les magies s’obtiennent via des quarts qu’on peut équiper. Tous les emplacements d’un personnage ne sont pas immédiatemetn ouverts, et certains emplacements n’acceuillent que certaines couleurs de quartz (chaque couleur = un élément, on est dans un JRPG quand même, faut suivre.) Les quartz s’achètent ou se trouvent, et comme les matérias de FF7, donnent de nouveaux sorts ou augmentent des stats voire produisent des effets plus divers. Du coup ça permet de bien customiser chaque personnage, sachant qu’évidemment certains ont des affinités pour tel ou tel rôle dans votre équipe. Vous pourrez contrôler 4 personnages en combat, avec 2 supplémentaires en réserve dont vous pourrez échanger la place avec un membre actif en cours de combat selon les situations.

Car vous n’aurez pas toujours les 9 protagonistes principaux (et je vous parle pas des extras, certains temporaires d’autres plus permanents) avec vous. Si vous avez suivi ce que j’ai dit, durant les voyages de classe vous serez divisés en deux groupes, et jamais les mêmes personnages, ce qui vosu oblige à un peu jouer avec tout le monde. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, surtout que ça permet de construire des liens avec les autres. Les liens, j’y viens : Legend of Heroes propose un système de lien qui augmente au fur et à mesure qu’on utilise les personnages ensemble, ouq u’on passe du temps avec eux durant les périodes de temps libre dont on dispose durant la vie à l’école. Chaque niveau de link octroie une chance de faire une attaque supplémentaire mais pas que. Par exemple un link elevé entre Rean et Eliott fait que non seulement Eliott attaque en même temps que Rean si celui-ci fait un coup critique ou déstabilise un ennemi, mais en plus il le guérit automatiquement s’il se prend un coup. Chaque personne lié à Rean offre des avantages non négligeables en combat, et chaque attaque en duo réussie donne un point de bravoure. Au bout de 3 on peut déclencher une puissante attaque en duo et à 5 balancer toute l’équipe sur les adversaires façon Persona.

Donc ouais, le système de combat ne révolutionne rien, mais il reste efficace et si on ne fait pas trop attention, certains combats peuvent rapidement tourner au vinaigre. Pas à cause de la chance mais plus par faute d’inattention. Un perso fragilisé, trop mal en point, un sort à effet de zone quif rappe tout le monde… Si on reste concentré, on peut en général éviter le moindre Game Over. A noter que si vraiment on y arrive pas, le jeu propose de recommencer le combat, ou de recommencer en affaiblissant les ennemis, souvent en baissant leurs stats de 10%. Cela m’est arrivé sur un combat vers la fin du jeu et c’est vrai que ça enlève énormément de frustration au joueur.

Alors que dire…

J’ai passé un bon moment sur le jeu mais j’y ai joué 80 heures sur quoi, 3-4 mois (en comptant le voyage au Japon de 3 semaines) ce qui a fait que j’ai pu ne pas trop être écoeuré par la richesse de l’histoire du jeu. On se replonge dedans assez facilement, les contrôles sont intuitifs et comme le système de combat n’est pas très compliqué, c’est réellement un jeu qu’on peut poser et reprendre plus tard, chose rare de nos jours. J’ai oublié le nombre de jeux où je me suis dit « Merde je sais plus du tout comment ça se joue » après les avoir repris. L’histoire est très bonne à partir du moment où les tropes d’animés japonais ne vous font pas trop peur (on est quand même très loin de cette débauche embarrassante qu’était Star Ocean 4 hein.) et où l’univers du jeu, très post-révolution industrielle et les enjeux géopolitiques vous intéressent. Les personnages sont tous très sympas à part Gaius qui est je trouve très en retrait. On se concentre sur lui durant le passage dans sa région natale, mais à part ça, il n’a pratiquement aucune interaction avec d’autres membres de la classe. Quant au gameplay, ce n’est clairement pas, comme je le disais, pour ça qu’on joue à un Legend of Heroes. Il fait le taff, mais ça s’arrête là.

Ah et la fin ? Sans spoiler, le jeu décolle vraiment à sa toute fin, et nous laisse en plan alors qu’il y a des tas de questions en cours, limite en plein milieu de l’action. Trails of Cold Steel 2 n’est sorti que récemment chez nous, et on ne sait pas quand le 3 est prévu… Sachant que les deux jeux sont à 40 euros pour le moment, l’addition peut être salée si vous comptez avoir le fin mot de l’histoire. Tout ce que je peux vous dire c’est que le 2 ne se passe plus à l’école et qu’une élipse temporelle est à prévoir… Pour ceux qui voudraient commencer direct avec le 2, du texte et des images rappellent les évènements du 1 dans l’interface du jeu. Je vous dirai si on peut se passer du 1 et commencer direct par le 2 quand je l’aurai fait. Le problème c’est que j’ai des jeux du PS+ à faire, mais aussi Gal Gun 2 qui arrive, Yakuza 6, Super Robot Wars X, et d’autres trucs sur le feu. La vie de gamer est bien difficile !