Steins;Gate

Parfois on me met sous le nez des séries que j’avais complètement zappées à leur sortie, tout simplement parce qu’elles ne m’intéressaient pas ou bien que j’étais tout simplement passé à côté d’elles. De toutes façons, je ne suis que trois, maximum quatre séries par saison, et je trouve déjà que ça fait beaucoup, parfois.

Ce n’est que lorsque ma meido d’elite N°3 vient me voir et me fait « Hé dis il faut qu’on matte cet anime pendant les repas, ça a l’air bien. » (car au QG de la Brigade on a un rituel qui consiste à regarder un épisode d’un anime en mangeant le midi et le soir.) que je jette un oeil plus attentif sur la série. Les premiers épisodes étaient à vrai dire assez laborieux, il faut bien que je l’avoue. C’était lent et assez absurde, mais on se rend bien vite compte que la série cachait en fait un potentiel énorme et qu’il est plutôt bien exploité tout au long de ses vingt-quatre épisodes. Vingt-quatre épisodes bien utilisés pour retranscrire le visual novel dont l’histoire est issue. Un visual novel qui a gagné des prix même, tellement il roxxait des poneys du chaos.

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Houoin Kyouma Okabe Rintaro est un apprenti scientifique un peu fou, voire même carrément fou, narcissique et paranoïaque qui va assister à une conférence sur le voyage dans le temps à Akihabara en compagnie de son amie d’enfance un peu bêbête Mayuri (son « Tuturu~ » en guise de salutation viendra vous hanter longtemps.) Exaspéré par le fait que l’auteur de la conférence ait repompé les idées d’un certain John Titor qui aurait déjà voyagé dans le temps au début des années 2000, il fait un scandale. Sortant de la conférence, il va être attiré par un cri émanant d’une pièce, où il y trouvera une jeune fille gisant dans une mare de son propre sang. C’est là que tout se complique : il veut appeler les secours, mais son téléphone déconne et il se retrouve comme transporté. Et la fille, Makise Kurisu (ouais, j’ai vérifié, c’est bien Kurisu, et pas Chris) est bien vivante. La conférence a même été annulée. Et là si Rintaro était sur Internet, il ferait « Mais WTFBBQOMG? »

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Rintaro vit dans un labo occupé par son amie d’enfance Mayuri et un pote un peu rondelet, otaque et pervers nommé Daru. La galerie de personnages ne s’arrête pas là mais reste relativement fixe tout au long de la série. Il n’y a pas de nouveau personnage soudainement introduit pour relancer le scénario : tout est minutieusement calculé et tout le monde a son utilité, même les personnages les plus anodins au premier abord. Que ça soit Kurisu la jeune scientifique de génie, Rukako le trap, Moeka l’autiste à lunettes qui ne s’exprime que par son téléphone portable, Feyris la meido aux nekomimi qui bosse au May Queen à Akihabara, ou Braun le propriétaire qui loue le petit appartement qui sert de laboratoire à Rintaro, tout le monde va de près ou de loin participer aux aventures du « Future Gadget Laboratory ».

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Cette galerie de personnages aussi loufoques les uns que les autres permet à la série de se lancer avec des épisodes assez légers, qui permettent de se mettre dans le bain. Cependant, la série va assez vite évoluer vers quelque chose de plus grave, quand le laboratoire de Rintaro va commencer à intéresser le SERN. Non, je n’ai pas fait de faute, il s’agit bien d’un clin d’oeil appuyé au CERN que l’on connaît, avec son fameux LHC qui sera mentionné d’ailleurs dans la série. C’est d’ailleurs l’un des gros points forts de la série : on essaye de nous faire accepter cette histoire de voyages dans le temps (qui est de la science-fiction, pour le moment !) en nous donnant de nombreux repères bien réels pour explorer le phénomène comme le SERN, John Titor, ou l’ordinateur IBN 5100. Des références qui aident à bien localiser la série dans le temps et l’espace. On n’assiste pas à une histoire figée dans un Japon des années 198X, 199X ou 200X. Il y a une date, il y a des évènements qui sont bien les mêmes que ceux de notre monde réel, et dont le scénario s’inspire pour les modifier subtilement à sa sauce. Ici il n’y a pas vraiment d’artifice scénaristique comme un artefact magique ou une météorite qui tombe du ciel et qui permettrait de voyager dans le temps. Non, même si le coup du téléphone micro-ondes paraît invrasemblable, le scénario arrive à nous faire croire que c’est possible, sans essayer de donner des explications qui ne tiennent pas debout. Dans Steins;Gate, les gadgets fonctionnent, sans qu’on se demande pourquoi, sans qu’on cherche à réellement comprendre, et c’est ça qui est fort. On se laisse porter par l’histoire et les personnages qui ont chacun une manière de parler et un charadesign bien distinct. Charadesign qui est d’ailleurs signé Huke, qui a aussi designé Black Rock Shooter.

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Quand je disais que le héros était fou, c’est bien peu de le dire : il délire même complètement, s’invente une « Organisation » qui en veut à ses recherches au point d’être complètement parano, se fait appeler Houoin Kyouma au lieu de son véritable nom, s’invente un nom de code, bref, il sent bon le personnage un peu foldingue contre lequel on s’énerve au début, mais auquel on finit par s’attacher parce qu’au fond, c’est pas un si mauvais bougre que ça et que ses délires nous font rire à force. Heureusement que Kurisu est là pour lui donner la réplique. C’est un peu la voix de la raison de la série, et elle l’aidera dans ses recherches même si elle ne croit pas une seule seconde au voyage dans le temps au début.

Au final on se prend à délirer avec ces personnages improbables, et la trame principale qui avance bien dés les premiers épisodes passés, devient ensuite plus sombre et angoissante. C’est à ce moment d’ailleurs que la série prend vraiment son envol, et où on mesure bien toutes les références laissées dans les premiers épisodes. Chaque détail compte, ce qui donne au final un scénario très bien ficelé qui ne nous laisse pas avec une impression débile d’avoir été rushé pour être fini. Il n’y a aucun épisode filler, aucun épisode qui ne sert à rien. Encore mieux : l’histoire ne comporte aucun arc en soi, il n’y a aucune coupure franche entre les différents aspects de l’histoire même si la tentation était très grande avec du voyage dans le temps. On est bien loin des constructions habituelles pour ce genre de séries adaptées de visual ou light novels.

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En clair, si vous êtes un tant soit peu fans de SF et de fantastique (si vous rangez le voyage dans le temps dans le fantastique, ceci dit) jetez-vous dessus : c’est un voyage que vous ne regretterez pas, et qui laisse assez peu de questions en suspens à la fin. C’est une série à dévorer, et à la fin de laquelle on ressort rassasié !