Pourquoi il vaut mieux regarder un autre anime que Special A

Je ne suis pas blogueuse, mais quand un éditeur discute agréablement avec moi pendant une convention et me demande un retour sur la série dont il me vente les mérite, et pour laquelle il me fait verser 20 petits euros, j’aime lui répondre. Je recycle donc mon mail en article de blog et vous en fais profiter !

Special A me faisait de l’oeil depuis longtemps : En vrai, les shôjos contemporains (et josei, la limite étant parfois floue) constituent 40% de ma bibliothèque. Mais des adaptations récentes me laissaient à penser que le peu d’adaptations de shôjos réalisées étaient toujours aux petits oignons. Et je pense que Gonzo a ESSAYÉ d’être aux petits oignons. Malheureusement…


…Les sous titres étaient en comic sans MS. Attendez, ce n’est pas vraiment la question en fait.

(il y aura des spoilers mais bon, les spoilers dans Special A, c’est que les gens finissent ensembles, se font des bisous sur la joue, refoulent leur lesbianitude profonde, et rien de bien dramatique quoi.)

Pour ne pas que cet article soit un pur gaspillage de salive au sujet d’un anime raté (je n’y prends pas vraiment plaisir), je vais tenter de comparer la plupart des échecs de Special A avec des réussites d’un autre anime ou manga sur le même domaine, dont vous pourrez prendre note ! Prêtez attention aux petits mots laissés sur les URL, et aux liens eux-même.

En deux mots, Special A est donc une comédie pour fille. L’héroïne se fait élever par un papa fan de catch, et lui transmet un esprit de battante qui n’abandonne jamais. Malheureusement, le fils du pote de son père est meilleur que lui. Et ce encore aujourd’hui, au lycée, où monsieur le premier du campus et mademoiselle la deuxième se retrouvent dans la classe de l’élite, la « S.A. » ou « Special A ». Avec les 5 autres membres de la classe, les intrigues amoureuses copieusement entrecoupées de moments humouristiques vont s’enchaîner, d’autant plus facilement que la S.A., de par ses résultats irréprochables, boivent du thé et mangent des gâteaux toute la journée, ou presque.

La grande autre raison pour laquelle j’ai fait le pas vers Special A, c’est que je lis et suis Seiyuka, du même auteur, Maki minami. Alors c’est plutôt en deça en matière de maturité du propos, mais tient un certain dynamisme et un certain humour bien rythmé (qualités que l’on retrouve dans les oeuvres d’Aya Nakahara, l’auteur du connu et très recommandable Lovely Complex).

L’adaptation de shôjo est une partie assez mineure des anime dans l’époque contemporaine, mais dans les plus récents, la plupart se sont appliqués à donner un certain caractère à l’anime, à lui ajouter une touche graphique spéciale (je pense à Kimi Ni Todoke/Sawako, ou Host Club); forçant moins le trait shôjo, elles sont même appréciées de la gente masculine. On retrouve ces tentatives dans Special A – mais appliquées de façon imprévisible et irrégulière, au point de se retrouver devant l’écran à se demander pourquoi soudain l’effet « romantic mode » est enclenché, ou pourquoi il ne l’est pas.


le romantic mode de Special A, qu’on retrouve ici dans les premières secondes de l’OP2 parce que je viens de me retaper un épisode romantique où l’effet N’Y EST PAS.

En matière d’animation, il s’agit d’une série plutôt correctement animé, mais pas vraiment au dessus de la moyenne. D’ailleurs, aux environs des épisodes 14-17 environ, j’ai remarqué à plusieurs reprises des dessins et des animations de mauvaise qualité ; j’avais déjà connu ce sentiment en regardant les premiers épisodes de Shangri-la, du même studio. (Bien sûr, les faiblesses d’animations sont dues à des complexités budgétaires qu’on ne peut pas vraiment reprocher à outrance à un studio, tout ça tout ça.)


Ici ce que vous ne voyez pas, c’est que ses yeux, son visage, sa bouche et son nez ne se déplacent pas à la même vitesse ou dans la même direction exactement. Enfin c’est déjà pas méga chou ! Regardez ses deux yeux ! Ca y est, vous vous êtes moqués d’un handicapé.

A une époque où des studios savent maintenir une animation de très bonne facture tout au long d’un anime, ou au pire maintenir une animation qui ne montre pas ses faiblesses, même chez les nouveaux studios, ce genre de maladresse fait un peu mal aux yeux. (en 2008, année de sortie de Special A, Clannad after story, Toradora ou Zoku Sayonara Zetsubou Sensei savent maintenir un aspect graphique impeccable, quitte à jouer des possibilités de l’animation sans être over-coûteux.)


Je ne sais pas vous mais moi je préfère un bel anime avec des Black Scene qu’un anime moche qui n’en a pas !

Bien sûr, on ne reproche pas forcément des faiblesses graphiques à un anime tenant sur d’autres qualités. Au final, je ne pense pas avoir à reprocher au scénario même, à l’oeuvre originale – mais c’est bien son adaptation qui m’inquiète.

Au début de la série, je me rappelle avoir eu affaire à des scènes de vie de la classe Special A un peu folles – c’est l’idée qu’on essaye de nous donner de la situation – , mais qui ne nous sont absolument pas introduit. Comme le personnage principal appartient déjà à ce monde – Hikari -, j’ai vraiment senti le manque d’introduction vers ce « monde ». Comme je m’en doutais, j’ai feuilleté le début du manga et un fil de pensé interne de Hikari introduit relativement mieux l’univers. L’histoire de deux cases, on voit qu’ils sont bel et bien sensés avoir des cours mais n’y vont pas, et Hikari semble beaucoup moins acclimaté à cette situation, la juge d’un regarde d’humain « normal », qui se surprend des incohérences et accompagne le lecteur vers l’univers bizarre (mais intriguant) de la S.A. L’anime néglige trop les raisons pour laquelle une telle classe a sa place dans ce lycée, et cela nuit ultérieurement aux conclusions de l’anime. A ce sujet, la fin est relativement aberrante à cause de ça et donne raisons à des élèves qui ne travaillent pas de la journée et ne sont pas mélangés avec les autres, c’est un poil gênant (même s’ils s’en sortent quand même en étudiant par eux-même) ! A moins d’être un anime ou un manga de l’ordre du pur délire qui peut se permettre une conclusion random – et Special A restant quand même relativement dans des cases communes de la comédie – cette conclusion me semble également maladroite.

En plus de ce manque de cohérence et de crédibilité (même si j’estime que l’accord de crédibilité est un sentiment très subjectif, je suis habituellement très tolérante, surtout sur des domaines de shôjos pur ou de comédie classique), le rythme général de la série, et même de pas mal de scènes en soi, ne m’a pas semblé être ce qu’il aurait dû – une série détonante et ultra-dynamique. Des moments de flottement, des moments plus rare de précipitations… Le rythme sur la longueur d’un anime de 26 épisodes n’est pas un pari facile, et on trouve souvent des animes avec des épisodes plus mous (mais 26 épisodes bien gérés, c’est possible quand même). Mais en plus de cela, des moments de flottement à l’intérieur même d’un épisode, je n’en avais pas vu depuis un petit moment. Quand un plan fixe reste assez longtemps pour que je me demande si le lecteur dvd a planté, c’est embarrassant. (Il n’y a que Azumanga Daioh qui la le droit d’abuser sur la longueur des plans fixes)
En remattant l’épisode 1 – tout premier épisode se doit d’être particulièrement attractif, même si la tendance est de prendre des risques depuis un certain temps – il se retrouve relativement dense en action et en péripétie, limite trop. Au final, si je compare les choix sur l’humour fait dans le premier épisode et dans les premières pages du manga, je trouve les choix du mangas beaucoup plus judicieux, et ceux de l’anime sont déjà-vu, surfaits. Plutôt que de prendre les ficelles originales du manga, ils prennent leurs propres ficelles classiques… C’est plutôt désagréable. (Pendant ce temps, vendre du rêve dès le premier épisode, c’est possible aussi.)

Au final, ce que j’aurai peut-être gardé de positif sont les previews du prochain épisode par la marionnette de Tadashi, avec un vrai rythme/n’importe quoi parlé. En même temps, c’est Hiro Shimono qui le double, doubleur de Keima dans Kamin Nomi, ou de Shou Kurusu dans Uta No Prince-sama… Ou du héros de Yosuga no Sora. Ou même de Norio du yaoi Sex Pistols. Oh le gigolo.


Salut, c’est Tadashi !! ~♥

Les soucis de rythmes que j’ai perçu étaient souvent accompagnés d’absence ou de fadeur de la bande musicale. Tout comme pour l’animation, la majorité des animes contemporains savent, s’ils ne visent pas une qualité au dessus de la moyenne, réussir à instaurer une ambiance musicale transparente et adaptée. La bande originale en soi est transparente, mais je me suis surprise plusieurs fois à la trouver décalée avec la scène liée, ou encore de ne trouver aucune musique à certains moments qui en auraient appréciés.
Bon, on ne parlera pas des génériques… Je peux écouter beaucoup de génériques soupeux, mais je ne peux vraiment pas dire du bien de ceux de Special A. Généralement, les génériques chantés par les comédiens de doublage de la série même partent avec un certain malus de « banalité » à quelques exceptions près, mais celui là est dans le bas du panier. (je prends soin de ne pas vous mettre de lien, vous ne voulez pas.)


LE SKATE BOARD. L’IMPORTANT BEAT WAVE. (mange ton traumatisme)

De Gonzo, le dernier anime que j’ai vu doit être Kaleido Star, auquel j’ai beaucoup accroché. Les gênes que je cite jusqu’ici pourraient être dues au fait que je ne sois pas visée par l’oeuvre un peu « jeune public » qu’est Special A, néanmoins Kaleido Star reste sur un ton très « jeune » qui ne m’a pas du tout gênée, avec une histoire saisissante, pourtant dotté d’une héroïne porteuse d’une certaine naïveté. Dans tous les cas, l’animation et le manga nous ont prouvé plusieurs fois que des oeuvres jeunesses peuvent toucher un public adulte (au plus simple, des films de Ghibli, mais aussi Chi’s Sweet Home ou Koko (Fumiyo Kôno) qui attendrissent le public adulte et apportent humour et/ou poésie).


Koko, qui sous ses apparences de coq qui derp, est un manga jeunesse génial.

En vrai, j’ai matté depuis Strike Witches, dans lequel j’ai remarqué cette même négligence de la moralité et de la crédibilité de situation de départ (Je reste sur le cul de l’antimilitarisme de l’héroïne qui disparaît en 21min comme une certaine petite culotte). Et même, sur sa conclusion et sa façon de frôler de vraies réponses, pour finalement retomber dans des situations aberrantes dans avoir répondu aux questionnements avancés par la série même (dans Special A, celle de se réintégrer dans une classe, dans Strike Witches, le fait que l’ennemi a peut-être ses raisons d’être offensif et mérite peut-être d’être écouté).

Pour conclure promptement sur Special A : en dehors de bons moments via les scènes humouristiques, les défauts sont bien trop visible pour apprécier la série. Humour qui je pense, n’est que la qualité du manga qui apparait à travers l’adaptation animée. Les personnages en soi peuvent être attachant, mais comme le dirait notre philosophe Keima Katsuragi, parfois de bons personnages sont enfermés dans de mauvaises oeuvres. J’entrevois à travers l’anime les qualités que j’apprécie à Seiyuka, comme l’héroïne pleine de vitalité, et une certaine originalité délirante dans les rebondissements majeurs conservés par l’anime.
(Et pour tout autre sentiment de tl;dr, je vous invite juste à cliquer sur les URL pour se retrouver avec une petite setlist de potentielles recommandations personnelles – entre deux liens à la con.)

Je me demande si je n’ai pas regardé aussi Special A au mauvais moment, et j’ai lu et regardé, pendant Special A, des séries et manga d’un tout autre niveau qui me font peut-être passer à côté d’une oeuvre de divertissement pas si ratée. Je suis pourtant une consommatrice régulière de série divertissante – même si je suis avide de réflexions plus poussées, de réalisations plus poussées, d’esthétique plus poussée – je crois que j’arrive habituellement à toujours trouver des petits « plus » que je n’ai pas trouvé dans Special A, ou alors, trop petits, ou inexistants.
(Regarder Special A le matin et regarder Steins;gate le soir, voir le film de Terra E de 1980 et Tokyo Godfather à Pompidou un week-end, puis reprendre Special A le lundi matin d’après… Lui a peut-être coûté cher.)
Special A a surement sa chance auprès de votre petite soeur, que vous formez doucement mais surement à la japanimation. (Ma meilleure conversion par shôjo reste grâce au manga de Elle et Lui. Notez bien ça, pour des filles au collège/lycée.)

Pour passer rapidement sur l’édition, le packaging Gold n’est pas désagréable à manier, et je ne suis pas contre un peu d’économie de place dans les étagères en dépis de dvd à l’accès pas toujours optimal. Bien sûr, les sous-titres en comic sans MS peuvent aller se faire sodoculer. J’ignore pourquoi les plans pour les sponsors ont été conservés sans les sponsors. Et les menus sont en 4:3 alors que c’est sorti en 2009 en dvd ici, quoi.
L’édition Gold, à contrario de l’édition dvd simple, possède des doublages français dont j’ai pris soin de ne pas faire l’analyse – ni l’écoute – parce que je n’ai pas l’ouverture d’esprit nécessaire pour apprécier ou essayer d’apprécier des doublages français. Je l’ai écouté 3 minutes, ça avait l’air mauvais comme 95% des doublages d’anime contemporain, voilà. De plus il serait dommage de passer à côté de Yuko Goto qui ne double pas façon Mikuru, dans le rôle de l’héroïne sportivo-dynamique.

Me sentant étonnamment négative sur le sujet (je vous promet que Special A ne partait avec aucun malus de mon point de vue à l’origine, au contraire ! je l’ai acheté, quand même~), je me suis quand même trainée sur l’internet afin de survoler quelques critiques. Je ne sais pas de quoi sont faites les notes sur manga-news, néanmoins elles me donnent fortement tord, j’en suis navrée ! (la note des lecteurs a augmenté de 0.5 depuis que j’écris cet article. Que fait mon karma.)

Sur ce, je vous souhaite une douce saison printanière relativement prometteuse !


(copyright) Et c’est en achevant ainsi cet article soigneusement retouché que je me couche à 1h du mat. C’est un peu ça, la vie de blogueur. Je crois.