Slayers

Quand on parle de héros et d’héroïnes d’animation des années 90, on a plutôt tendance à penser à Sailor Moon, Goku, Ranma, les pilotes d’Evangelion, mais on a un peu trop tendance à oublier l’une des grandes sagas de la seconde moitié de cette époque : j’ai nommé Slayers.

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Lina dessinée par son character designer dans un joli artbook

Et par saga, je pèse mes mots : l’univers heroic-fantasy de Hajime Kanzaka est documenté dans plusieurs dizaines de romans, quatre saisons de 26 épisodes (ça fait 104 épisodes, oui, je sais utiliser ma tête aussi), six OVAs, cinq films et plusieurs séries de manga ainsi que des jeux vidéo. Autant dire tout de suite qu’il y a de quoi faire et le monde de Slayers fait partie de ces mondes complets, avec ses royaumes, ses dirigeants, ses factions, et ses légendes. Ca tombe bien, car nous allons étudier aujourd’hui l’une des légendes de ce monde : celle de Lina Inverse.

Lina est sans conteste l’héroïne principale du monde de Slayers. Il s’agit d’une jeune fille, 15-16 ans tout au plus, magicienne hors-pair et aventurière. Lina avec sa fière chevelure rousse est connue de par le monde pour tabasser tout ce qui bouge et qui ressemble à un bandit avec sa magie dévastatrice. Cette sorcière de génie malgré son jeune âge n’est pas là pour sauver la veuve et l’orphelin : elle est là surtout pour empocher les trésors déjà dérobés par les bandits. Or, artefacts magiques et que sais-je, elle empôche tout ce qui l’intéresse. Mais Lina est aussi connue pour son sale caractère, et son appétit proportionellement inverse à son tour de poitrine (beaucoup de gens sont morts en la critiquant à ce sujet.)

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Décrite comme cela, Lina Inverse pourrait être la parfaite méchante, mais c’est le genre à avoir un bon fond et à répondre présent quand il faut agir pour le bien de l’humanité (comme par exemple latter du gros démon béliqueux). Elle n’hésitera pas non plus à aider ses compagnons de route ou à agir quand sa fierté est en jeu. Elle a écopé de certains titres parmi la population locale, notamment celui de « L’ennemie de toute forme de vie. »

Dans Slayers, il y a en fait deux grandes sous-sagas. Chronologiquement parlant, Lina a d’abord voyagé avec Naga Le Serpent Blanc, une magicienne aussi insupportable que bien gaulée et partisante de l’adage « Moins d’armure égal plus de protection ». Son rire moqueur et singulier restera d’ailleurs dans les annales de l’animation japonaise, souvent imité, rarement égalé. Les aventures de Lina et Naga seront le premier contact que le grand public aura avec le monde de Slayers. Les deux magiciennes écumeront le monde à la recherche d’objets ou de sortilèges rares ou tout simplement d’un emploi. Ces aventures sont consignées dans les quatre premiers films et les six OVAs. Au delà de cela, vous n’entendrez que vraiment rarement parler de Naga…

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Lina et Naga, dans un poster fan-service de l’époque.

Car le gros de l’histoire de Slayers, c’est quand Lina rencontre Gourry Gabriev, épéiste à la mémoire de poisson rouge et à l’intellect déficient. Il suivra dés lors la sorcière partout et l’aidera dans ses différentes quêtes pour son profit personnel ou pour sauver le monde, c’est selon. Ce duo gagnant et très contrasté (Gourry a souvent besoin qu’on lui explique comment le monde marche, ce qui permet au téléspectateur de comprendre un peu mieux les forces qui régissent le monde de Slayers ou les enjeux de telle ou telle quête.) sera vite rejoint par Amelia la jeune magicienne blanche un peu obsédée par la justice et le mystérieux et très terre-à-terre Zelgadis.

Tout ce petit monde haut en couleurs sera rejoint par certains personnages le temps de quelques épisodes : Sylpheel la prétresse amie d’enfance de Gourry, Xeloss le mystérieux prêtre à la recherche de la Clare Bible dans la seconde saison, ou encore Filia la dragonesse dans la troisième saison. De quoi varier les plaisirs.

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Zelgadis, à gauche, et Lina Inverse.

Difficile de parler de Lina Inverse sans aborder le système de magie du monde heroic-fantasy de Slayers. Il est divisé en trois principales catégories de sorts : la magie blanche principalement utilisée pour les soins et la protection (mais il y a quelques sorts d’enchantement ou d’attaque comme le Megido Flare) et qui fait principalement appel aux dragons (l’entité bienveillante de Slayers), le shamanisme qui fait appel aux éléments (Fireball, Flare Arrow, Dill Brand…) mais aussi à l’esprit et l’âme (le Ra-Tilt par exemple) et enfin la magie noire qui tire son pouvoir des démons (Mazoku) de la série. Le plus célèbre et l’un des plus dévastateurs de ces sorts est le Drag Slave, que Lina utilise parfois à tort et à travers et qui laisse habituellement un cratère fumant de plusieurs kilomètres de diamètres (ça pique.) L’un des running gag de la série consiste d’ailleurs en Lina qui détruit une ville entière à la fin du premier épisode de chaque saison à l’aide de ce sort dont l’incantation est la suivante (en anglais car elle est plus classe que la traduction un peu pourrie de Déclic Images) :

Darkness from twilight,
crimson from blood that flows;
Buried in the flow of time;
In Thy great name, I pledge myself to darkness!
Those who oppose us shall be destroyed by the power you and I possess!
DRAG SLAVE!

Ca me rappelle le bon vieux temps où on récitait cette formule en japonais comme de bons weaboo avant de kicker les gens sur IRC. Si vous souhaitez voir un aperçu des sortilèges de Slayers, il y a ce site qui pousse même le vice jusqu’à indiquer dans quels épisodes et par quel personnage les sorts ont été utilisés.

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Lina a quand même plus de classe dans la série TV que dans les films et OVAs…

Mais le monde de Slayers est plus complexe que cela. En fait, il est même lié à une autre série du même auteur qui pourtant n’a absolument RIEN à voir à première vue : Lost Universe. D’une qualité bien moindre que Slayers, Lost Universe est une série de science-fiction. Et pourtant, si on s’intéresse à la mythologie de Slayers et de Lost Universe, on se rend compte qu’ils ont en commun une épée de lumière et le Lord of Nightmares, une entité qui aurait crée ces deux mondes (et quelques autres). Le Lord of Nightmares (enfin, la, puisqu’apparement il s’agirait d’une femme) est même craint de Ruby-Eye Shabranigdo, Zanafar, Hellmaster Phybrizo ou Beastmaster Zellas Metallium, les plus gros Mazoku de la série.

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Malgré tout ce serious business sur l’univers, les démons, les dragons, et tout le reste, Slayers reste à mille lieues des ténors du genre de l’époque, Berserk et Lodoss en tête. Car Slayers ne se prend pas au sérieux. Pas une seule seconde. Il y a des moments où l’univers est sur le point d’être détruit et pourtant, l’histoire regorge d’humour, ne serait-ce qu’avec le personnage de Lina (doublée avec brio et énergie par Megumi Hayashibara qui un peu plus tard fera la très silencieuse Rei Ayanami. Douche froide.) mais aussi de Gourry, Zelgadis ou Amelia. L’alchimie fonctionne pourtant parfaitement entre l’humour omniprésent que cela soit par les situations ou les répliques des personnages. Que cela soit Lina qui invente un sort pour faciliter la pèche aux gros poissons, Gourry et Lina qui se battent pour un pauvre morceau de viande seul dans son assiette, ou qui s’engueuleront avec Zelgadis et Amelia sur quelle est la meilleure spécialité culinaire du coin, ou encore tout ce petit monde qui participe à une pièce de théatre d’une troupe ambulante afin de passer incognito alors qu’ils sont poursuivis par des chasseurs de prime… les moments drôles ne manquent pas, et prendront parfois le téléspectateur par surprise, sans que cela ne devienne lassant ou lourdingue. A cela s’ajoute des aventures rythmées, malgré un départ assez difficile dans la première saison.

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Même les eyecatch de Slayers Next se permettront de faire des parodies de ce style.

Alors, l’univers coloré et fantasy plein d’humour de Slayers vous intéresse, mais vous ne savez pas par où commencer ? Très honnêtement j’aurais tendance à vous dire de commencer par la série TV, qui reste le support le plus amusant à découvrir. Les films avec Naga sont eux, très sympathiques, mais pas inoubliables non plus.

Déclic vend les trois premières saisons (Slayers, Slayers Next et Slayers Try, dans cet ordre) + les trois premiers films (Slayers Perfect, Slayers Return, et Slayers Great) pour un quarantaine d’euros. Pour Slayers Gorgeous (pourtant très bon) et Slayers Prenium (le seul film où on peut y voir Gourry, Amelia et Zelgadis) il faudra vous brosser ou taper dans le vieux fansub. A noter que la quatrième saison, divisée en deux (Slayers Revolution et Slayers Evolution-R sortis en 2008) n’a que la première partie de disponible chez nous via Black Bones (a un prix exhorbitant, soyons honnêtes.)
Le Pack réalisé par Déclic Images semble être le plus à même de vous satisfaire vu son prix et vous aurez vu la plus grande partie de la série. Même si la première saison accuse un peu son âge et reste assez inégale dans son rythme, Slayers Next est une perle d’humour et d’aventure, tandis que Try pourra sembler légèrement moins bon que son aîné, mais bien quand même. La quatrième saison quant à elle, respire la modernité de 2008 (pratiquement TOUTE l’équipe des précédents opus a été rappelée pour cette saison, je sais pas si vous vous rendez compte de ce que ça représente) mais pèche par une histoire convenue et quelques nouveaux personnages qui auraient mérité un meilleur traîtement (sans parler des feintes scénaristiques capilotractées au sujet de l’Epée de Lumière, entre autres…) Bref, cette quatrième saison n’est pas indispensable. Plaisante, mais pas indispensable.

Ah ouais et j’espère que vous aimez la police Comic Sans MS, car vous allez en bouffer dans les coffrets Déclic Image. J’ai pour ma part les anciens coffrets, ceux avec les sous-titres incrustés à même l’image car rippés des VHS de IDP de l’époque (une VHS, pour les p’tits jeunes du fond, ce sont des cassettes, car avant les DVD, on utiliser des bandes magnétiques dans des grosses cassettes, ouais !) et la traduction était plus que pitoyable (Lina qui sort un « Eclair Magique » au lieu de « Drag Slave » rapidement changé en « Dragon Slayers » quelques épisodes plus tard… et je vous en passe.) Je ne sais pas si ça s’est amélioré dans la version qu’ils ont refaite…

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Lina et toute sa clique ainsi que Pokota, un nouveau personnage de Slayers Revolution / Evolution-R)

Si vous en voulez encore après les trois saisons, passez à la quatrième si vous le pouvez, puis aux OVAs et aux films (dans l’ordre que j’indique plus haut). Ca fait un peu désordre et pas du tout chronologique mais ce n’est pas tellement grave étant donné les contextes différents (l’un avec Naga, l’autre avec Gourry et compagnie.)

Et si vous avez déjà tout vu de tout cela, vous pouvez encore prolonger l’aventure avec ce que j’estime être la meilleure fanfiction de tous les temps : Slayers Trilogy par Stefan Gagne, pour peu que vous sachiez lire l’anglais. C’est simple, j’ai vraiment l’impression de lire une histoire originale qui colle parfaitement au monde de Slayers : Lina participe à la MagiCon 5 à Sailune où un miroir magique unique va y être présenté pour que les magiciens venus du monde entier puisse l’étudier et en découvrir ses secrets. Mais Lina est impatiente et va s’infiltrer la nuit dans la convention pour jouer avec le miroir. A ses dépends.

L’autre fanfiction qui vaut le détour du même auteur est Slayers Demiurge, que je vous conseille également.

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Un fanart sympa de Lina parmi tant d’autres.

Voilà pour le tour d’horizon de cette saga, en espérant que ça vous aura donné envie de la découvrir. Je suis plutôt SF que fantasy à vrai dire, mais Slayers est frais, et malgré son âge, son humour et ses personnages font mouche même auprès des personnes à qui j’ai pu le montrer. C’est probablement l’une des rares séries que j’ai regardées plusieurs fois en entier tellement elle est plaisante.